La collecte et le recyclage des vêtements usagés connaissent actuellement une crise sans précédent, en Belgique comme partout en Europe. Les acteurs du secteur, tels que Terre asbl ou la Fédération RESSOURCES, tirent la sonnette d’alarme : la filière du textile de seconde main, longtemps considérée comme un modèle d’économie circulaire et solidaire, est aujourd’hui au bord de l’effondrement.
Une situation critique
Depuis plusieurs années, la quantité de vêtements mis sur le marché explose, notamment à cause de la fast-fashion (mode à bas prix et renouvelée en permanence). Résultat : des montagnes de vêtements de mauvaise qualité, difficiles à revendre ou à recycler, s’accumulent.
En Wallonie, les volumes collectés augmentent d’environ 10 % chaque année, alors que le marché du réemploi est saturé et que les débouchés pour le recyclage sont quasi inexistants.
Les entreprises sociales de tri, comme Terre, doivent assumer des coûts de traitement de plus de 200 € par tonne, alors que leurs revenus diminuent. En 2024, Terre a enregistré plus d’1,2 million d’euros de pertes sur cette activité et près de 400 emplois d’insertion sont aujourd’hui menacés.
Pourquoi cette crise ?
Les vêtements vendus par certaines grandes enseignes ou plateformes en ligne (Shein, Temu, etc.) sont souvent de mauvaise qualité et ne peuvent être ni réutilisés ni recyclés.
Les exportations vers d’autres pays sont désormais saturées.
La collecte sélective des textiles, obligatoire depuis janvier 2025, n’a pas été accompagnée de financement public en Wallonie.
La Belgique ne dispose pas encore d’un système de Responsabilité Élargie des Producteurs (REP) pour les textiles – autrement dit, les marques ne participent pas au financement du recyclage. Ce mécanisme ne verra pas le jour avant 2028, au mieux.
Des conséquences locales
Pour les communes, cette situation se traduit par une augmentation des dépôts sauvages autour des bulles à vêtements. Les organismes de collecte demandent donc le soutien des services communaux pour l’enlèvement des déchets déposés à côté ou dans les conteneurs, afin d’éviter le retrait de certaines bulles.
Que faire en tant que citoyen ?
Face à cette crise, chacun peut agir à son niveau :
Réduire sa consommation textile : acheter moins, mais mieux.
Privilégier la qualité et la durabilité : vêtements réparables, en fibres naturelles, issus de marques responsables.
Réutiliser et donner localement : via ressourceries, brocantes, dons directs, trocs ou plateformes locales.
Déposer correctement ses vêtements dans les bulles prévues, propres, secs et en bon état, dans des sacs bien fermés.
Éviter de jeter tout ce qui est abîmé ou non-textile dans les bulles : cela alourdit les coûts et nuit à toute la filière.
En résumé
La filière du textile de seconde main traverse une période difficile, mais sa survie dépend aussi de notre responsabilité collective. En adoptant des gestes simples et respectueux, chacun peut contribuer à préserver un modèle solidaire, écologique et porteur d’emplois locaux.